La conférence pour l'éthique et la diversité dans la tech
avec des crêpes et du cœur Mixit heart

Histoire de FabLab, histoire d'Usinette

par Agnès, le 22 avril 2013

MiXiT accueille cette année le collectif Usinette. Mais c'est quoi une usinette?


_En 2020, les hackerspaces, fablabs et autres usinettes (le nom importe peu) se comptent par milliers en France et pas seulement dans les grandes villes. Des gens de bonne volonté se sont regroupés dans certains villages désertiques, dans d’anciennes MJC-Algeco de banlieues «chaudes», dans des usines désaffectées. Le passionné de mécanique auto prête ses outils et donne des cours à des types qui font en échange un peu d’ingénierie inverse sur la puce qui contrôle l’allumage de sa fourgonnette TDCI. On peut voir aussi un artisan potier essayer une machine de prototypage rapide qui, d’après un fichier 3D qu’il aura peaufiné avec un fan de Blender, verra apparaître sous ses yeux une œuvre originale prête à passer au four. D’autres décideront d’agrandir simplement le village en construisant des yourtes et des maisons en bois équipées de digesteurs alimentés par les déchets organiques générés par l’élevage porcin le plus proche._
Pour que cette petite fiction se réalise, les spécialités vont s’entrechoquer et s’ouvrir. Les questions se posent sans crainte. Tout se passe comme si ces personnes de bonne volonté devenaient compagnons et étendaient leurs devoirs, sans jamais s’arréter ;-)
Une Usinette tient à la fois du fablab et du hackerspace. Une Usinette n’est ni un atelier «clé en main», ni une petite usine franchisée qui proposerait systématiquement les mêmes machines. L’approche privilégiée est plutôt de mettre tout en œuvre pour permettre son évolution en fonction de besoins spécifiques locaux et s’appuyant autant que faire se peut sur des ressources (humaines, matières premières secondaires) disponibles à proximité. Dans une Usinette, adhérents et utilisateurs s’impliquent pleinement dans le processus de production et transcendent ainsi leur statut de consommateur et travailleur. Libre à eux d’imaginer, de concevoir, de prototyper, d’améliorer pratiquement n’importe quel type d’objet ou service ; voire même de le choisir parmi un catalogue de «biens-communs» qu’ils pourront être amenés à compléter en proposant de nouveaux usages, des améliorations, des documentations. C’est un lieu de production et de partage de connaissances qu’une plateforme internet concourt à faciliter. Les objets, les machines et les modes opératoires sont protégés sous licence libre (par exemple GPL ou Creative-Commons). Ce cadre juridique est nécessaire à l’exercice de cette liberté qui est la condition de la transformation, de l’évolution et de l’innovation de ce processus socio-technique.


Le rapport à l’objet produit, à la décision de consommation devient alors un acte réfléchi et repose principalement sur sa valeur d’usage. La production de ce dernier devient du même coup un acte créatif, émancipateur, reposant sur des besoins préalablement identifiés. L’un des axes majeurs du projet est de proposer des outils abordables financièrement et techniquement. Dans ce but, l’usage de machines open-source est une priorité. Pour des raisons similaires, l’approche auto-réplicante selon le modèle de «Constructeur Universel» de John von Neumann est privilégiée. A la manière de la RepRap, une machine auto-réplicante peut générer plus de la moitié de ses composants. Une machine peut donc produire elle-même ses propres pièces de rechange voire fabriquer sa réplique sous forme de kit à assembler. Dans un futur proche, on peut donc raisonnablement penser que plusieurs Usinettes soient en mesure de se fournir entre elles. L’émergence de ces laboratoires de fabrication représente une opportunité importante de changement social, tout en rejoignant les préoccupations écologiques. Par leurs dimensions réduites, et leurs coûts relativement modestes, ils sont une solution à la déconnexion entre les lieux de production et de consommation et offrent une occasion inespérée de reconnecter la fabrication d’objets courants aux propres ressources du territoire en produisant des circuits-courts. L’un des enjeux centraux du projet Usinette est la fabrication d’objets à partir de matière première secondaire issue des déchets (plastiques notamment).

Une usinette est aussi une occasion de s’organiser et de pratiquer les alternatives utopiques actuelles, croisant des courants spontanés très actifs, tout en s’appropriant avec justesse des technologies contemporaines, qui sont par ailleurs les fers de lance d’une industrie capitaliste en quête de marketing.

En tout cas, c’est ce qui ressort des 2 appels à projets Usinette et /tmp/lab (hackerspace de Vitry-sur-Seine), pour l’organisation partagée des festivals «A Pa Do Loup 2012» (autogéré) et «Plastic hacker festival 2010». Des initiatives visibles sur les différents sites internet de ces «néo-activistes».



Usinette tiendra [un atelier](/session/305/fablab-versus-usinette-) tout au long des deux jours de MiXiT. N'hésitez-pas à passer les voir!

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